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RÉSEAU sur la Borréliose de Lyme en France, ses Co-Infections et les Maladies vectorielles à Tiques Construction collaborative d'une information critique contre le déni

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Ce maudit mot "déni"

Définition "Déni", TLFi /cnrtl

Considéré par certains comme inventé par Freud pour caractériser l’attitude d’un patient se refusant absolument à aborder tel ou tel aspect de sa réalité concrète et/ou psychique et agissant comme si elle n’existait pas, l’emploi de ce mot est en réalité beaucoup plus ancien.

Selon le TLFi, depuis le milieu du XIIIe le terme est employé en droit comme " action de refuser une chose à quelqu’un", spécialement : refuser "un droit légalement dû". C’est en ce sens qu’au XVIIe siècle on trouve l’expression "déni de justice" au sens de "refuser de rendre justice à quelqu’un".

Dénoncer le fait que ce qu’on nomme "la Maladie de Lyme" soit, en France depuis de nombreuses années et aujourd’hui toujours, l’objet d’un déni de la part des autorités sanitaires, médicales et sociales, signifie que cette pathologie au stade chronique est totalement niée par celles-ci qui refusent de reconnaître sa réalité et les conséquences catastrophiques pour les malades laissés à l’abandon.

Cette négation s’exprime sur plusieurs niveaux et revêt différents aspects.

Stétoscope. Wikimedia hi. India (CC) BY SA

  • Le niveau de base est celui du diagnostic élaboré par le généraliste qui ne sait que penser de symptômes aussi nombreux que variés et fluctuants.
  • Le second niveau celui des spécialistes qui se succèdent sans certitude ni solution. Les uns et les autres sont, du fait des carences de leur formation, très largement ignorants; leur diagnostic est absent et/ou erroné. Le malade se retrouve au mieux en errance médicale, au pire avec un traitement qui aggrave la maladie, trop souvent affublé de l’étiquette affabulateur, simulateur, hypocondriaque, voire même malade mental.
  • Le troisième niveau est celui de la vindicte sociale qui s’attache à celui qui est trop souvent malade et dont la maladie n’est pas nommée. Cela le rend suspect, il ne peut donc pas être réellement malade. C’est ce que pensent les membres de la famille, les collègues de travail, les supérieurs hiérarchiques, l’employeur... voie inéluctable vers l’isolement affectif, les difficultés professionnelles jusqu’à la perte d’emploi donc de ressources donc de logement, la pente vers la clochardisation et/ou le suicide.

Depuis de nombreuses années, déjà avant 2000, et dans d’autres pays, des associations, des malades, des médecins s’exprimaient à ce sujet et alertaient les pouvoirs publics. Depuis quelques temps, les recherches ont bien avancé sur la connaissance de la maladie, le problème de son dépistage, sur les traitements les plus efficaces pour soulager au mieux sinon soigner - tout cela mettant en évidence les carences et erreurs du Consensus médical de Décembre 2006 complètement dépassé - et sur l’absolue nécessité de l’information et de la prévention en direction de la population.
Les pouvoirs publics non seulement ne prennent pas la mesure de l’ampleur du développement de la maladie, son impact humain, économique et social, mais de plus, la Sécurité Sociale qui devrait être le fer de lance de la riposte médicale et sociale à la maladie, s’ingénie avec le concours de l’administration de la santé et du Conseil de l’Ordre des médecins, à suspecter les médecins et autres soignants qui viennent en aide aux malades, et même à les traduire en justice.
À ce stade, le déni de la maladie prend l’aspect d’un refus conscient et calculé.

Ne s’agirait-il pas tout bonnement d’une volonté délibérée de non-assistance à personne en danger?

Lorsque le déni de réalité en est à ce point dans une société humaine, on est porté à penser que, à l’instar du déni individuel, symptôme d’une personnalité pathologique, cette société est gravement perturbée, malade de ses "pouvoirs".

Dans un texte remarquable, publié le 5 février 2015, dans le journal L’Humanité, l’écrivaine Lydie Salvayre, prix Goncourt 2014, à propos du sujet d’actualité brûlant que furent les assassinats terroristes de janvier, s’interroge sur le "déni". Elle écrit:

Il faudrait revenir une fois encore, après Freud, après Lacan, après Zizek, sur ce phénomène du déni. L’écrivain français Georges Bernanos, qui fut le témoin hagard de la guerre civile espagnole, se pencha souvent sur cette aptitude des hommes à résister à tout savoir dès lors que celui-ci ne s’accordait pas à leurs désirs ni avec leurs attentes.(...) Et d’ajouter que ce qu’il y avait, peut-être, de plus remarquable dans ce déni, c’était que, non seulement il n’était pas infirmé par les divers démentis qu’on lui opposait, mais qu’il était au contraire, renforcé et accru par ces mêmes démentis. Comment alors instruire? Comment alors éclairer? Comment faire valoir les arguments de la raison? (...)

HOPE - Bansky' styleNos "élites" souffriraient-elles de cette négation de l’Autre ? A propos de laquelle Lydie Salvayre écrit plus loin:

Nos philosophes contemporains nous le serinent: nous ne voulons plus de cet Autre dans un monde où les valeurs individuelles montent en puissance, où la dimension de l’inconnu a de moins en moins cours, où il n’y a quasiment plus de terres sauvages à découvrir, et où l’une de nos préoccupations principales est, précisément, de ne pas être dérangé par l’Autre, ce qui nous permet de tolérer le pire sans en être affecté. (...)

Nos pontifes de la Santé publique et autres mandarins de la Faculté ne sont-ils pas dérangés dans leurs certitudes bien établies et somme toute rassurantes, par cette drôle de "Maladie de Lyme" avec son cortège de co-infections et ses symptômes invraisemblables et insaisissables, qui miment une kyrielle de maladies répertoriées sinon connues?

Cette volonté de ne pas tenir compte de la réalité, ce refus de la prendre en compte n’est-il pas significatif à la fois d’une paresse intellectuelle confortable et de la sclérose d’institutions dépassées?

Dans ces conditions, que reste-t-il aux malades?

Avec les médecins, les soignants, les personnes qui les aident, les scientifiques qui les soutiennent, l’opiniâtreté et l’unité de leurs luttes pour faire triompher leur bon droit et mettre à tout jamais un terme au déni.

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Rédacteur: H2o /ReBL

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