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RÉSEAU sur la Borréliose de Lyme en France, ses Co-Infections et les Maladies vectorielles à Tiques Construction collaborative d'une information critique contre le déni

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Signes multiples, diagnostic flou, traitement néant... en 4 lettres : Lyme!

Des symptômes polymorphes aux traitements inappropriés via un diagnostic aléatoire : c’est la borréliose de Lyme, et c’est un vrai parcours galère.

Les piqûres de tiques, ou morsures, [1] engendrent l’encéphalite à tiques, causée par un virus et pour laquelle il existe un vaccin [2] et la borréliose causée par une bactérie nommée Borrelia et pour laquelle il n’y a ni vaccin ni traitement au stade avancé.
La borréliose génère des symptômes reconnus dans d’autres maladies auto-immunes, extrêmement variés (et variables), d’où le souci de pose du diagnostic et le terrible problème de malades non soignés.

De la morsure peu repérable aux symptômes polymorphesErytheme svt Dr Raymondaud.jpgLe plus caractéristique des signes est cette plaque rouge évoluant, appelée érythème migrant, et qui apparaît souvent 1 à 3 semaines après la piqûre mais seulement dans 40 à 60% des infections... D’où bien des problèmes de détermination rien qu’à ce stade.

Dans de nombreux cas, 7 à 10 jours après piqûre, se présente un épisode grippal avec douleurs musculaires, fièvre et fatigue. L’érythème ainsi que l’épisode grippal disparaissent après quelques jours ou quelques semaines. Et pourtant, l’infection peut s’activer longtemps après, des mois, voire des années plus tard.
Le fait de contracter la maladie une première fois ne prémunit en rien l’organisme humain contre une ré-infection par d’autres morsures de tiques même éloignées dans le temps: nous ne sommes pas immunisés.

La larve de tique assiège surtout les rongeurs. Elle ingurgite les bactéries et les retransmet à d’autres animaux, lors de ses « repas » suivants. Transformée en nymphe, elle choisit son prochain « don » de sang parmi des hôtes plus grands. Sur l’homme 80% des piqûres sont occasionnées par des nymphes. Adultes femelles comme nymphes transmettent la bactérie. Suivant le Dr Georges sur son site, lorsque la tique est porteuse de "B. burgdorferi sensus lato", le risque de transmission serait de l’ordre de 7 à 10 %. Cette transmission est accrue s’il s’agit d’une nymphe et si la durée d’attachement de la tique se prolonge. Cependant il n’existe pas de temps minimal qui garantisse l’absence de contamination.[3].
Pratiquant l’affût, elles peuvent grimper sur les taillis, jusqu’à hauteur parfois de 1,50 m, d’où elles se laisseront tomber au passage d’un hôte.

Les symptômes typiques que l’on puisse mettre en corrélation avec un stade avancé de l’infection sont la paralysie faciale, l’arthrite (souvent unilatérale), la cardite, les névralgies et névrites crâniennes et dans la phase très tardive: l’acrodermatite atrophiante chronique. Sur les sites d’associations de malades on consultera leur liste, digne d’un inventaire à la Prévert, par contre très peu poétique et montrant une nouvelle fois le difficile décryptage de critères auquel est confronté le médecin sérieux qui n’accrédite pas la thèse "psychiatrique".

Descartes LHomme_douleur.jpgCar il faut savoir que les symptômes d’une borréliose, extrêmement complexes, varient d’une personne à l’autre. Et soigner une seule douleur n’est pas traiter l’ensemble.
D’une part chaque tique peut véhiculer différentes espèces de Borrelia ne produisant pas les mêmes conséquences sur l’organisme (B. burgdorferi, afzelii, garini, spielmani, valaisanne, etc.). Le genre Borrelia comprend en effet plusieurs espèces. Trois seulement seraient pathogènes selon les sources officielles françaises. Le docteur Georges qui les recense sur son site fait état de cinq pathogènes et trois autres soupçonnées sur les 19 décrites [4] Le professeur Montagnier ainsi que le professeur Perrone, spécialistes de la maladie, parlent de plusieurs dizaines d’espèces sur lesquelles on sait très peu de choses...
D’autre part les tiques peuvent aussi transmettre d’autres agents infectieux tels que les Babesia, Rickettsia, Bartonella, etc. communs à plusieurs insectes, vecteurs eux-mêmes de bactéries parfois déjà présentes et en veille comme les Chlamydiae, Mycoplasmes, Helicobacter, etc.[5].
Enfin la maladie se complique du fait d’autres stress oxydatifs cellulaires très divers générés par des co-facteurs aussi différents que la consommation de tabac, l’exposition aux métaux lourds, l’alimentation, le stress psychique, etc.[6]

Bref tout un univers d’agents et milieux pathogènes vont agir sur le système immunitaire humain; les symptômes polymorphes déboussoleront autant médecins que patients au point d’aiguiller vers de mauvaises voies de diagnostic. Au tout début de l’infection, bien que les séparations en phases ne fassent pas l’unanimité, les symptômes précoces peuvent être complètement absents ou se superposer à une symptomatologie plus tardive, ou une autre pathologie.

Sans signe clinique évident, la bactérie peut rester tapie pendant de très longues années parce qu’elle est intra-cellulaire. Et comme d’autres infections dites "froides" ou "dormantes", ce germe microbien peut se réveiller à la faveur d’un stress, d’une autre infection ou de toute autre cause et, si la réponse immunitaire est moins performante, déclencher des symptômes avec atteinte générale qui se "chronicisent" en l’absence d’intervention. Si l’on simplifie, on peut dire que, passant la barrière méningée, la bactérie s’installe dans l’ensemble du système nerveux et s’y cache à l’abri d’une sorte d’enveloppe que très peu de médicaments vont pouvoirs "percer" pour l’en déloger.

Ainsi l’infection initiale dans un organisme affaibli peut amener de nouvelles co-infections "extérieures"! Virus, bactéries, mycoses, et toutes espèces de parasites cohabitent déjà naturellement pour le meilleur comme pour le pire. Raison pour laquelle le Dr Horowitz parle de Syndrome de Maladie Chronique à Multi-infections (MCIDS) pour la Maladie de Lyme (ou borréliose) chronique [7], les foyers pathogènes concomitants expliquant la résistance aux traitements classiques qui ne ciblent qu’une seule et même cause.

Des aléas du diagnostic

Dessin de tiques.jpgLes tests sérologiques de détection ne peuvent être effectués que 2 à 6 semaines après la piqûre de tique car les marqueurs de l’affection ne peuvent être perçu avant. Dans le sang lui-même on ne retrouve en général pas de Borrelia mais des anticorps que notre système immunitaire produit lors de la reconnaissance et du combat contre des éléments étrangers.

Deux types d’anticorps sont examinés, mais ils ne sont pas spécifiques à la borréliose: les IgM marquant une défense récente de l’organisme; les IgG paraissant lors d’une seconde réaction. Le test Elisa permet de mettre en évidence qu’il y a eu conflit entre le système immunitaire et les Borrelia, mais n’est pas une preuve d’activité "récente" de ces mêmes Borrelia... Une sérologie est positive si le système immunitaire est en mesure de former suffisamment d’anticorps et à la condition que le test de laboratoire puisse les reconnaître.
Cependant, même chez un être atteint, les anticorps peuvent ne pas se manifester tout de suite ou se manifester beaucoup plus tard, ou ne pas du tout se manifester quand le système immunitaire ne répond plus ou lorsque les Borrelia mutent. Car les agents pathogènes du genre Borrelia sont des bactéries de la famille des spirochètes, extrêmement mobiles, changeant de formes, et lorsqu’elles se sont installées depuis longtemps, quasi insaisissables avec les moyens mis en oeuvre par notre pays.

En effet, le diagnostic par les tests actuels est remis en question. Leur non-fiabilité est un vrai non-sens, sans parler de scandale, quand on sait qu’une grande partie des confirmations des atteintes infectieuses repose sur eux.
La recherche d’anticorps par le test Meirieux/CNR Borrelia a toujours posé problème en France. Réalisé à l’origine avec la seule souche B. burgdorferi responsable des pathologies arthritiques américaines, "l’Elisa" se fait, seulement depuis peu, 2011, sur une des souches européennes sélectionnées, garinii, ou afzelii... mais jamais sur l’ensemble des souches analysées une à une. [8]
De fait la détection d’une borréliose, et la couverture de toutes les formes d’infections à Borrelia susceptibles d’être installées chez un malade, est un leurre entretenu: les actuelles sérologies, mal ciblées et inappropriées sont désormais complètement discréditées à l’étranger. Elle perdurent malgré tout en France en étant l’unique référence et passage imposé par les instances sanitaires, qui sont en attente de nouveaux tests... du même laboratoire. A qui profite ce marché fermé et juteux ? pourquoi une telle aberration scientifique ?
Une recherche plus large, tel le test allemand Western Blott, est exclue en France lorsque l’Elisa est nėgatif (ce qui est souvent le cas puisque sa cible est réduite) à moins de choisir son non-remboursement. Mais le WB ne sera pas parlant non plus s’il n’est fait sur chaque souche comme celui de Mikrogen. Et encore ne peut-il être lisible qu’avec une descente de l’étalonnage des marqueurs et une délicate "interprétation" de lecture des bandes de tests, non mécanique et individualisée, méthodes accusées d’être illégales par les instances de santé publiques, l’Ordre des pharmaciens, l’AFFSAPS etc., comme en témoigne le procès de Nutrivital et LAMSchaller en cours.[9] Cela sans compter sur les différences de seuil d’une région à une autre, basées sur une idée épidémiologique plutôt que pandémique, c’est à dire postulant que certaines régions sont plus infestées que d’autres, et posant des critères de détection portant sur une population saine. [10]
Quels pouvoirs interfèrent là quand les malades attendent ?

Au demeurant, les chercheurs et praticiens au courant répètent à l’envi que c’est la clinique qui devrait être surtout interrogée pour détecter les malades. C’est donc en priorité par une vision englobante que le médecin vigilant évaluera la maladie.
Cependant suivant les recommandations officielles en vigueur, ces médecins devront s’appuyer strictement sur une sérologie Elisa pour révéler une borréliose. Dans tout autre cas, ces "charlatans" (ainsi nommés par les responsables de l’infectiologie française) seront coupables d’infractions, passibles de poursuites, de sanctions.

L’impasse des traitements classiques

Quoi qu’il en soit, lorsque la suspicion est forte d’avoir été infecté: survenue d’une rougeur, symptôme grippal dans le mois en cours, la visite chez le médecin s’impose. Un traitement immédiat de 20 jours d’antibiothérapie est strictement recommandé.
En phase tardive, la symptomatologie va décider du choix des médicaments à administrer, de la forme des prises et de la longueur du traitement. Celui-ci est le plus souvent de la Ceftriaxone pour 2 à 4 semaines, par perfusion journalière en hôpital. La chronicité n’étant pas admise, au-delà de ces 28 jours réglementaires le patient serait guéri. Il existe également des protocoles composés de dosages différents, de combinaisons de molécules et des thérapies «pulsées». Ces traitements et leur durée sont de toutes façons infondés suivant les tenants des thèses officielles.

Dr Raymondeau Sur Ixodes.jpgEn fait, si la borréliose en première phase est généralement facile à soigner, la borréliose de Lyme chronique est une maladie non traitée par la médecine universitaire qui oriente les patients vers des "solutions psy", les renvoyant de façon inique à leur somatisme. La réponse thérapeutique sérieuse ne peut donc s’envisager que hors cadre, avec des traitements qui ne peuvent être qu’individualisés et sur le long terme. Les médecins qui s’y investissent sont très peu nombreux. Les associations qui reçoivent tous les jours des appels au secours peuvent attester que le désert médical est une réalité cruelle pour les malades.

La recherche scientifique est une condition sine qua non pour affronter cette pathologie complexe polymorphe très difficile à cerner, et c’est l’Etat qui doit prendre ses responsabilités et s’engager de toute urgence. Sans quoi cet aveuglement sur les symptômes, cette absence de tests diagnostiques fiables, ce refus de traitements, s’apparenteraient bien en effet à de la non-assistance à personnes en danger.[11]



Ce texte fait partie du dossier de synthèse du RBLF sur les problématiques de la borréliose, dont une version ramassée se trouve dans la livraison d’avril-juin 2013 de la revue Nature & Progrès. (Voir l’ensemble sur cette page.) Pour de plus amples détails et des compléments de références se reporter aux articles liés du RBLF. Vous trouverez la revue en commande ou en achat sur ses points de vente habituels en consultant son site.

Notes

[1] On parle plus logiquement de morsures. L’organe d’"attaque" de la tique (acarien), les chélicères, sont en effet proches de mâchoires; sa "pompe", l’hypostome, est également spécifique. La salive qui enrobe ces pièces favorise la transmission des agents pathogènes. Consulter à ce sujet le chapitre complet du site "Maladies à tiques" sur les tiques ixodidae.

[2] Lire le document du ministère de l’agriculture sur l’encéphalite à tiques ou consulter le guide complet de l’inpes.

[3] cf. site Maladies à tiques: Maladie de Lyme.

[4] cf. site Maladies à tiques: Bactériologie, "Diversité, répartition...".

[5] Lire sur le sujet l’article "Nouvelles approches de la maladie de Lyme" du Dr Burrascano; et toujours sur chronimed, l’état de déficit immunitaire qui entraîne d’autres infections. Lymeinfo.net donne un vaste éventail de sites et d’articles sur le même thème des espèces co-infectantes.

[6] L’ensemble de ces facteurs est appelé stress. Se reporter au post-tiq su RBLF et à ses liens pour mieux comprendre la question. Pour les éléments biologiques se référer à l’article de David J.C., Grongnet J.F., 2001. ’’Les protéines de stress’’. INRA Prod. Anim., 14, 29-40.

[7] Lire l’article du RBLF: "Le Dr Horowitz, spécialiste de la Borréliose, soutient les malades français" et son document concernant la babéliose chronique sur chronimed.

[8] L’hétérogénéité des souches de "B. burgdorferi sensu lato" impliquées dans les borrélioses de Lyme en Europe accroît la complexité de ce sérodiagnostic. Source invs.

[9] Voir note dans l’agenda du RBLF et les articles connexes. Le Procès reporté une première fois au 14 mai, l’a été de nouveau, dans l’attente des résultats de l’enquête sanitaire diligentée par le Ministère de la Santé suite aux actions fortes des associations de Lyme Sans Frontières et France Lyme.

[10] On effectue des collectes sur zones afin de constater la densité et le taux d’infection des tiques pour pouvoir faire le typage des souches. Les praticiens investis dans la lutte contre la maladie posent le constat d’une sous-évaluation de la pathologie non surveillée, faute d’enquêtes. Le document de l’invs relatif à la région Alsace, indiquait il y a 10 ans déjà, la complexité des diagnostics sur sérologies: 2.4.2 L’hétérogénéité des souches de B. burgdorferi sensu lato impliquées dans les borrélioses de Lyme en Europe accroît la complexité de ce sérodiagnostic. et 2.4.3 : Le Western-blot ./. Il n’y a pas actuellement de standardisation pour la préparation des antigènes ni pour la réalisation de la technique ce qui pose des problèmes de sensibilité, de spécificité et de reproductibilité des tests. Pour ces raisons, il n’existe pas, à ce jour, de consensus pour la méthode de lecture ni pour les critères d’interprétation de cette méthode. A cela s’ajoutent les problèmes liés à la variabilité des souches européennes. source invs.

[11] Lire les commentaires de Bernard Christophe sur cette situation dans l’article du RBLF.

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