En un rapide historique, D. Dupagne montre qu’on est passé de la magie à la médecine scientifique, laquelle par la méthode expérimentale [a] imposé la rigueur et [a] abouti logiquement à la naissance d’experts, ./. représentants de la médecine scientifique triomphante, [respectés et dont la parole fait loi.]
C’est alors que les premiers conflits d’intérêt surviennent écrit D. Dupagne, et spécialement en France où les français semblent être génétiquement cartésiens et imperméables au sens de "conflit d’intérêts" depuis que Descartes leur a assuré que “ Les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies. ”! Absurdité qui persuade les médecins qu’aucune influence n’a de prise sur eux...
D. Dupagne poursuit son historique et rappelle que si, au début du XXème siècle, la course à la gloire est l’intérêt unique, elle s’appuie aussi sur la tricherie scientifique dont elle s’accommode très bien.
Après guerre, le standard scientifique de "l’essai clinique contrôlé" ECC s’impose malgré le fait qu’il ne tient pas compte de l’unicité de chaque situation médicale. L’Humain, parfois mis à mal par les ECC est définitivement nié dans sa singularité !

C’est alors que la médecine, définitivement érigée au rang de science exacte, va connaître de nouveaux experts. Il ne s’agit plus de ceux qui ont accumulé une longue expérience au contact des patients, les mandarins [4] d’autrefois, mais de ceux qui connaissent le monde des ECC regroupés dans ce qu’on appelle désormais "la littérature médicale".
Puits de science, l’expert a tout lu, assisté à tous les congrès et surtout, a lui-même publié ou au moins co-signé de nombreux articles scientifiques. Sa renommée scientifique se mesure au nombre de publications ./. Le patient devient parfois accessoire et l’activité clinique souvent confiée à des collaborateurs.

Le professeur-expert de la fin du XXème siècle ne soigne plus guère. Il s’occupe de sa carrière. La collaboration avec les firmes pharmaceutiques devient le nouveau conflit d’intérêts de l’expert moderne. Le marketing s’installe au nom de la promotion des nouveaux médicaments.
Si aujourd’hui la gloire des mandarins est passée, ce sont les d’intérêts des grandes firmes pharmaceutiques qui gouvernent désormais les choix et décisions en haut lieu, via par exemple l’enseignement destiné aux étudiants comme la formation continue des médecins en exercice.

En 2007, en France, les firmes dépensent en promotion 25 000 euros par an et par médecin../.
La médecine scientifique actuelle a perdu son crédit en même temps que son indépendance. ./. Dans le meilleur des cas ces conflits ne génèrent qu’un surcoût pour la collectivité ; au pire ils mettent en danger la vie des patients.

D. Dupagne ne croit plus à ce système qui appuie sa science sur des références qui n’en sont plus, collèges d’experts réunis dans des sociétés savantes ou agences gouvernementales. Un changement radical lui paraît nécessaire pour retrouver la transparence et une  "démocratie sanitaire". Il prône La médecine 2.0 et termine sur une note positive, appelant :

une expertise collective des acteurs du domaine. L’avenir est là, dans la mise en forme de l’intelligence collective des soignants, des patients et des scientifiques et dans l’invention de nouveaux outils pour y accéder. C’est un chantier passionnant qui s’ouvre sous nos yeux et qui répond à la question des conflits d’intérêts : ceux-ci seront tellement dilués au sein de l’expérience et l’expertise collective qu’ils deviendront inopérants pour pervertir l’information.

Retrouver le Docteur Dominique Dupagne interrogé en mai 2011 par  Pascale Clark sur franceinter.