Un homosexuel, vivant en couple, fidèle ne peut pas encore donner son sang. Mais moi, avec une borreliose non reconnue selon les critères de la HAS[1], et pourtant reconnue par d’autres médecins (tout dépend comment on interprète mes résultats de sérologie et de western blot), je pourrais donner mon sang sans aucun souci et peut être transmettre ce spirochète.
En tant que professionnel de santé, travaillant en réanimation, je sais à quel point ces produits permettent de sauver des vies, tous les jours...Je donnais mon sang total, mes plaquettes...Je suis inscrite sur le registre pour le don de moelle osseuse...Je porte sur moi une petite carte du don d’organe, et j’ai informé mes proches de cette volonté.

Aujourd’hui, j’ai écrit une lettre à l’EFS et à l’agence de bio médecine, à contre coeur, mais au vu des publications scientifiques, je ne peux me résoudre à empoisonner sciemment des gens même si les autorités me disent qu’il n’y a aucun problème. Je reste convaincue et ardente défendresse (ca se dit ca?) du bienfait des collectes de sang et du prélèvement d’organes.


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À Etablissement Français du Sang
Agence de Bio Médecine
xxxxxxxx, le 2 Juillet 2012
Madame, Monsieur,
Par la présente, j’ai le regret de vous demander de bien vouloir me rayer de vos fichiers de donneurs volontaires de sang et de moelle osseuse. En effet, j’ai développé depuis le 22 juin 2011 une borréliose ou maladie de Lyme suite à la morsure d’une tique évaluée en 2003 qui s’était jusque là révélée asymptomatique.
Ma sérologie pour cette maladie est très légèrement positive et mon résultat de western blot (Test ALL DIAG de chez Biomnis) montre des traces en Op41, en Burgdoferi afzelli, en Burgdoferi garinii. S’appuyant sur les recommandations de la HAS, certains médecins ont écartés ce diagnostic. D’autres médecins ayant décidé de pratiquer un test aux antibiotiques ont pu déceler une réaction de "Jarish Herxeimer"; fortement évocatrice d’une infection à spirochète.
Après lecture de plusieurs articles scientifiques, je me pose la question d’une innocuité d’un don futur de sang et m’inquiète même pour la santé des patients qui ont reçu des produits de sang labiles issus de mes dons précédents, postérieurs à 2003.
Je garde avec fierté et honneur le diplôme que vous m’avez adressé l’année dernière, soulignant ma participation régulière aux collecte de sang. Ne pouvant plus participer de cette manière, j’encouragerais mes proches à effectuer cette démarche qui sauve tant de vie.
Je vous prie d’agréer , Madame, Monsieur, l’expression de mes sincères et respectueuses salutations.


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Et si la science permet d’affirmer qu’il n’y a aucun danger, alors je referai la démarche inverse et retendrai mon bras sans souci.
Je regarde mon diplôme de l’EFS récompensant ma constance et ma régularité dans le don de sang et de plaquettes. Et je pleure...


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NDLR :
"Une transfusion sanguine peut transmettre au receveur des agents infectieux, tels que ceux du sida ou des hépatites. Tout donneur doit donc être conscient de la responsabilité qu’il porte à l’égard du receveur de son sang. Un exemple: Une malaria contractée sous les tropiques peut rester méconnue durant des mois - et pourtant le sang du donneur concerné peut transmettre la malaria au receveur." Site de la Croix Rouge Suisse
La réaction de ne pas donner son sang en cas d’infection avérée ou supposée est saine. Mais il faut non seulement être en bonne santé (pas de fatigue générale, pas d’infection depuis 2 semaines) mais réfléchir à une exposition éventuelle à des agents infectieux tapis. L’exemple donné pour le paludisme est intéressant car si un voyage dans une région à risque est rédhibitoire pour le don, une fréquentation des milieux propices aux infestations de tiques devrait être indiquée dans les questionnaires.
Dans le doute, abstiens-toi. Mieux vaut prévenir que guérir.

Note

[1] NDLR : il faut lire SPLIF. C’est sous l’égide de la Splif que s’est déroulée en décembre 2006 la 16e Conférence de Consensus en thérapeuthique anti-infectieuse : "Borréliose de Lyme : démarches diagnostiques, thérapeutiques et préventives", qui a fixé les critères de la maladie.