Ce constat la chercheuse Valérie Obsomer le dressait jusqu’à présent en Belgique où en 2013 son équipe de scientifiques bénévoles publie des chiffres alarmants. Aujourd’hui teckentiques lance la première enquête publique sur notre territoire.

Tout un chacun mordu par cet acarien sur le sol français, malade ou pas, est dès à présent invité à répondre au questionnaire sur le site de l’enquête Tiques&France.


En Belgique Valérie Obsomer dénombre des tiques dans toutes les provinces, et par endroit jusqu’à 45% de tiques infectées par des Borrelia, 19% porteuses d’anaplasmes et 15% vectrices de rickettsies, tous agents pathogènes pour l’homme. Aux Pays-Bas ce sont 22000 cas de malades annuels. Pendant ce temps une étude en cours de publication porte à un million leur nombre par an en Europe. Et en France on ne sait pas ou on ne veut pas savoir !

Aucune recherche systématique à ce jour n’a analysé la distribution des tiques sur l’ensemble de l’hexagone non plus que les bactéries qu’elles renferment. Il n’y a de ce fait aucune mise en relation entre infestation et maladies. Cette absence de données fait croire à tort à une absence de risques !

Or le risque est de laisser pourrir la situation sans rien faire et d’être confronté à court terme à un grave problème d’épidémie et plus, de pandémie, selon le Professeur Perronne.
L’enquête lancée par V. Obsomer aujourd’hui est de salubrité publique. Connaître la situation actuelle, l’état de l’infestation, les lieux sinistrés, les risques encourus est une nécessité.

Résultats préliminaires français inquiétants

L’étude belge avait permis de récupérer 150 données pour la France. A partir de ces premières informations, on peut consulter aujourd’hui les cartes des résultats préliminaires. Inquiétants.
Logo_Tiques_France.png Dors et déjà cela met déjà en évidence que 35% des cas de borréliose ne présentent jamais la tache typique; que les personnes mordues montrent un test négatif alors qu’elles ont été infectées par des tiques; que la pathologie est souvent détectée très tardivement par rapport à la contamination; que SFC (syndrome de fatigue chronique) et fibromyalgie révèlent 36 % des erreurs de diagnostics; que la borréliose peut rester dormante des années avant de causer des symptômes parfois très invalidants.
On note aussi que toutes les régions sont touchées avec une situation qu semble plus préoccupante dans les régions forestières d’Alsace, de Lorraine, d’Ile-de-France, de Basse-Normandie, d’Aquitaine, de Rhône-Alpes et de Midi-Pyrénées (carte 1). Certains départements, l’Allier, la Sarthe, la Creuse semblent également particulièrement touchés. D’autres départements ne sont pas encore renseignés ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas concernés.
Par ailleurs l’augmentation des populations de tiques est bien repérée même si elle est encore variable: par exemple dès les années 90 en Dordogne et dans la Manche; tardivement dans les années 2010 en Franche-Comté.
Enfin on remarque la grande diversité des maladies transmises par les tiques, borréliose, babésiose et bartonnellose en tête.

Un appel à participer

Il est évident que nous avons là les prémices d’une réalité documentaire édifiante. Pour que cela puisse révéler un état des lieux concret des zones à risques et un fidèle reflet des types de risques, il faut des données. Les chercheurs font un appel à la population pour indiquer tous les détails utiles sur le site de l’enquête. Nous vous demandons de les aider en participant ou en sollicitant les personnes de votre connaissance à participer à leur tour à cette enquête afin d’aboutir à une cartographie la plus précise possible de la situation en France. Une partie des résultats sera diffusée sur le site de l’Enquête Tiques&France dès cet hiver.

Les Pays-Bas n’ont pas attendu après une enquête publique inquiétante pour assurer une surveillance sanitaire chez eux. Souhaitons qu’en France les choses bougent avec cette enquête.

Valérie Obsomer et son équipe, le professeur Perronne, l’ensemble des associations françaises participantes, vous remercient de votre collaboration.