Dépistage ? Franchement, non, franchement... c’est ridicule.

Certains diront que rechercher les Borrelia, ce n’est pas très important vu qu’il est probable qu’une grande partie de la population les abrite déjà... infectés ignorants ou porteurs sains. 80% de la population serait porteuse selon Pr Montagnier. Mais pas de paranoïa; d’une part le corps humain est un réservoir à bactéries, ni bonnes ni mauvaises mais participant à l’équilibre général de notre organisme, d’autre part tout le monde ne développe pas la maladie; le terrain génétique, ou les défenses immunitaires, préservant les individus. Mais jusqu’à quand ? Jusqu’à quand seulement une partie de notre population contiendra-t-elle ces microbes au potentiel bien dangereux ? Sera-t-elle immuable notre barrière immunitaire contre les minuscules bactéries de Borrelia, sous la forme spirochète comme kystique; petites bombes à retardement dont personne n’entend le léger tictac ?

D’autres ajouteront qu’elle n’est pas dangereuse puisqu’il n’y a pas tant que ça de cas recensés, mais à vrai dire, quid aussi du recensement ? Sur Orphanet, le portail des maladies rares, la borréliose est évidemment considérée comme maladie... "rare". Ce n’est pas du tout l’avis de nos voisins germaniques; 900 000 en Allemagne, 5 000 en France... serait-ce le syndrome gaulois dit "du nuage de Tchernobyl" ? 
En France quel document dénonce l’épidémie ?... Ce qui n’est pas prononcé n’existe pas, vieille méthode (coué) pour conjurer le sort.

On sait que l’INVS appelle en vain à des recherches élargies à l’ensemble du territoire, on sait que les rapports de zoonose réclamés par la CEE à la France ne sont pas réalisés, parce que, tout bonnement, il n’y a pas de volonté politique pour mettre en œuvre les actions préventives, même les plus simples, pas de volonté pour diligenter les enquêtes (cf. l’article Mais où sont les rapports français sur les zoonoses?). 
N’est-ce pas étrange, et inquiétant, de laisser se développer cette bactérie un petit peu partout et contaminer un peu plus tout le monde, dans le silence le plus total ? Les malades seuls connaitraient-ils le réel danger? 

Enfin, les plus obtus des détracteurs argueront que cette maladie bactérienne transmissible par le sang n’est pas aussi mortelle que le SIDA.
Est-ce pour cette raison qu’il ne faut rien faire ? Et quand bien même ne serait-elle pas mortelle - ce qui reste à démontrer en bien des cas -, le fait qu’elle soit douloureuse et invalidante spécialement dans sa phase chronique ne suffit-il pas à prendre des précautions ?

Le risque de contamination 0 existe-t-il ?

Toutes ces questions ressurgissent à chaque fois qu’on évoque la transmission sanguine et particulièrement à l’occasion de ces journées mondiales des dons de sang. Il ne s’agit malheureusement pas de journées mondiales de précaution, et encore moins de prévention. Aujourd’hui certains avancent qu’il y a risque. Et des études le démontrent chez les souris...

Grave problème du sang contaminé" dit le pharmacien Bernard Christophe, "et risque d’un nouveau scandale puisqu’on réalise près d’un million de transfusions sanguines par an en France. L’AFSSAPS reconnaît, en invoquant une étude réalisée sur des souris, que cette transmission de la maladie est avérée mais que du fait qu’il n’existe pas d’étude chez l’humain il n’y a pas lieu de réagir actuellement!!!

Entre autres tansmissions avérées de Babésiose ou Bartonella sp., la transmission de B. burgdorferi a bien été vérifiée en effet sur une espèce de souris par une équipe du Centre de contrôle et prévention des maladies infectieuses de Colorado (USA) en 2006[1] étude citée par le site Lymeinfo.net. Nos résultats indiquent qu’il est possible d’acquérir la B. burgdorferi par une transfusion sanguine dans le modèle murin de la borréliose de Lyme. disent les chercheurs. Toutefois il s’agit de la Maladie de Lyme (typiquement, la maladie version américaine), de la seule bactérie B. burgdorferi et pas d’humains. Néanmoins on aimerait avoir l’assurance que ce modèle n’est pas réplicable sur les homo sapiens sapiens...
Pourquoi le ministère de la santé en France ne le confirme-t-il pas ?

Au contraire l’Agence de la santé publique du Canada reconnaît le risque de transfusion pour des agents pathogènes tels que B. burgdorferi.

À l’heure actuelle, au Canada, le risque de transmission de maladies infectieuses par des transfusions est minime, grâce aux stratégies de prévention efficaces qui ont été mises en oeuvre, notamment les nouveaux tests de dépistage en laboratoire. Malheureusement, il existe un grand nombre d’agents infectieux - virus, bactéries et parasites - qui peuvent être transmis par transfusion. ./. Il est reconnu que des bactéries telles que Treponema pallidum (agent de la syphilis), Yersinia enterocolitica et les espèces de Staphylococcus et de Streptococcus (agents de contamination bactérienne répandus), ainsi que des parasites  ./.. En outre, des pathogènes émergents pouvant être transmis par le sang, comme le virus de l’hépatite E (VHE), l’herpèsvirus humain de type 8, Borrelia burgdorferi (agent de la maladie de Lyme) etc., représentent une menace pour la sûreté du sang.

Mais où est donc le fameux principe de précaution dont on parle tant… demande B Christophe

Être "à risque" ou n’être pas: une Santé Publique à géométrie variable!

Ce nous savons aussi c’est que dans les centres de dons il n’y a pas de vérification systématique des poches de sang pour les Borrelia. C’est le cas par contre pour le VIH où toutes les poches sont testées. Alors ? 

Lorsque la nouvelle de la levée de l’interdiction du don de sang aux homosexuels britanniques [2] est tombée au début du mois de novembre 2011, elle a suscité en France quelques réflexions.
Dans les années 80 avec le début de l’épidémie de SIDA, les pays occidentaux avaient interdit le don du sang à cette population à risque. Depuis elle est toujours considérée comme à risque en France (fichage des homosexuels déclarés; interdiction des dons de sang; vérification systématique des poches), nonobstant les pratiques sécurisées d’une bonne partie d’entre elle et le fait qu’aujourd’hui, malheureusement, bien d’autres groupes sont à risque, entre autres, les personnes à multipartenaires ou les jeunes peu enclins à se protéger. Ceux-ci peuvent passer les fourches caudines du filtrage des dons de sang malgré le questionnaire à remplir.
Si des mesures de santé drastiques sont prises envers tous les membres de la communauté homosexuelle, vus comme porteurs potentiels du VIH, pourquoi n’existe-t-il pas de mesures spéciales pour les porteurs potentiels de Borrelia ? Qu’est-ce donc que la Santé Publique ? Une Santé Publique à géométrie variable ? Si les mesures de Santé Publique sont des précautions particulières et strictes prises pour préserver l’ensemble de la population d’une contamination, pour qui en France ces mesures sont-elles prises ? Pas pour les borréliens, qui doivent, inversion des rôles, demander à être soignés, ni pour ceux qui pourraient avoir été atteints, puisqu’il n’y a pas de problème... Et ne parlons pas de tous les autres qui incubent en silence.

Risque de Borrelia : le plus IN-sécuritaire possible ?

C’est en considérant que le pourcentage de la population à risque homosexuelle se trouvait en dessous du seuil de risque de l’ensemble des primo-donneurs (donneurs qui se présentent pour la première fois pour un prélèvement), que les Anglais ont fait sauter ce verrou du rejet systématique des homosexuels, après les Espagnols, les Portugais, les Italiens, et plus loin sur la carte, les Australiens. En revanche la France reste sur sa position, confirmée à maintes reprises et renouvelée en 2009. 
Selon D. Costagliola, directrice de recherche à l’INSERM, spécialiste du SIDA, il s’agit de savoir si l’on souhaite changer "la philosophie" "du plus sécuritaire possible" même si on sait que "le risque est tout petit" [3] Ainsi, concernant la transmission du VIH, il y aurait au sein des autorités de Santé en France, "une philosophie" du "plus sécuritaire possible" ?
On s’étonne tout d’abord que cette philosophie ne vise qu’un groupe de donneurs de sang... Le groupe le plus "à risque" ? Aussi bien l’Association LGBT, que les autorités anglaises, que l’INVS, nous démontrent que c’est inexact. [4]

On s’étonne ensuite que cette philosophie sécuritaire ne s’applique pas à la Borrelia. Bien sûr le SIDA est un fléau et le risque même "tout petit" fait peur, mais que penser alors quand le risque est bien présent mais totalement inconnu ? Le déni médical de borréliose chronique porte atteinte de maniére invraisemblable au "plus sécuritaire possible" brandi par la directrice de l"inserm.

Voix dans de désert

Sachant que le dépistage n’est pas effectué sur le sang, qu’il n’existe toujours pas de tests fiables de borréliose, que la France ne remet pas de rapport sur l’épidémie, que les cas de borrélioses chroniques sont tus ou masqués par d’autres pathologies et faux diagnostics, les borréliens attendent des réponses claires à ces questions:

  • Quel est le risque de transmission des Borrelia par les dons de sang Et les transfusions ?
  • Y-a-t-il "un risque épidémiologique" ?
  • Est-il "tout petit" comme il est dit pour le VIH ?
  • Si tel est le cas où sont les chiffres ?
  • Quel est le risque qu’à partir d’un don de sang une personne saine devienne porteur ?
  • Quel est le risque que cette borréliose ne dégénère et ne devienne handicapante ?
  • Quel est le degré de santé publique que l’on souhaite appliquer pour les borrélioses ?
  • Pourquoi le soit-disant " tout sécuritaire" s’appliquerait-il seulement à un groupe (stigmatisé comme les homosexuels) et pas à tout le monde ?
  • Pour quelles raisons, médicales, politiques, financières, le "plus IN-sécuritaire possible" s’applique-t-il aux borréliens ?

Notes

[1] Centers for Disease Control and Prevention, Division of Vector-Borne Infectious Diseases, Bacterial Zoonoses Branch, Foothills Campus, Fort Collins, Colorado 80522, USA. "Transfert de l’infection à Borrélia burgdorferi s.s par transfusion dans le modèle murin." Gabitzsch ES, Piesman J, Dolan MC, Sykes CM, Zeidner NS. 2006. Cf. Lymeinfo

[2] Les dons de sang sont désormais autorisés aux homosexuels britanniques sous réserve de leur déclaration d’abstinence sexuelle dans l’année précédent le don(!), ce qui est un autre problème et un élément de discrimination révoltant comme le soulignent les associations.

[3] L’incidence de l’infection à VIH à l’heure actuelle chez les homosexuels, c’est 1% par an. C’est au moins 50 fois plus que dans n’importe quel autre groupe dans la population. Comprendre les enjeux de ne pas donner si on est à risque. Ça changerait la philosophie qui était "le plus sécuritaire possible". Le risque est tout petit. Est-ce qu’on est prêt à le faire ré-augmenter ? D. Costagliola, Directrice de l’INSERM, France Culture, 7/11/11, journal de 8h

[4] Christine Le Douaré, Association LGBT, Lesbiennes Gay Bi Trans, pose bien le problème : On considère que c’est une population qui globalement prend des risques donc on ne va pas plus loin. Mais, ajoute-t-elle à propos de l’interdiction discriminante des dons de sang aux homosexuels : (le risque) ...n’est pas du tout une question d’orientation sexuelle mais de pratique sexuelle. France Culture, 7/11/11, journal de 8h.