Double page choc dans le journal Le Monde, édition du 10 décembre, consacrée à "La maladie de Lyme - Un fléau sous-estimé" et à la tique ,"ennemie chronique".

Le Monde Supplément 101214 TIQUE ENNEMIE CHRONIQUE

Aucun lecteur ne peut échapper à la spectaculaire photographie en tête de ce supplément Science&Médecine, celle d’une tique démesurément grossie, avatar de monstre de cauchemar prête à s’échapper de la page. Effet géant assuré ! Les autres images n’étant pas moins stupéfiantes.

Avec ses près de 300 000 ventes, le quotidien du soir donne un écho retentissant à la maladie. De plus en plus de médias s’emparent du sujet; la question est de plus en plus souvent affichée et le silence brisé. Depuis 3 ans tout à changé; il y aura un avant et un après.

Si la mise en page frise la recherche du sensationnel, l’article, lui, tout en étant court, n’est pas superficiel. Il faut saluer la manière dont Raphaëlle Maruchitch traite le problème dans ce double page, faisant clairement le point sur la prise de conscience de l’épidémie en marche.$$Le Monde Supplément Science&Medecine, 10 décembre 2014; cf. la page Science de l’article en ligne.

L’article bien documenté s’intéresse d’abord à l’incidence de la maladie, puis au dernier rapport officiel en date[1], et au travail de parlementaires français cet été[2], pour déboucher sur la problématique douloureuse à laquelle se heurte la majorité des malades: le diagnostic et les traitements, deux aspects fondamentaux qui mettent en cause la pertinence des conclusions du Consensus de 2006, appliquées comme un dogme.

Le Monde Supplément 101214 "LYME Un fléau sous-estimé"Donnant la parole à des médecins spécialistes, en premier lieu au Pr Pérronne, à des biologistes, à la directrice de la recherche à l’INRA, Mme Vayssier-Taussat , à des militants associatifs bien connus, la journaliste évoque les différents tests en usage pour détecter la maladie (Elisa, Western-Blot, PCR) et leur degré de fiabilité que le Pr Jaulhac responsable du CNR à Srasbourg vient de reconnaître comme "variable" alors que le chef de produits chez Siemens Healthcare Diagnostic - qui met au point les fameux Elisa décriés -, avance plutôt la nécessité d’une "détection clinique de la maladie", indiquant que "la biologie n’est là que comme une aide".
Raphaëlle Maruchitch signale "les traitements intermittents", les pistes possibles des médecines douces et de la phytothérapie à laquelle recourt aussi le Docteur Richard Horowitz, auteur de Soigner Lyme et les maladies chroniques inexpliquées paru en français cette année.[3] De ce livre qu’elle qualifie de "bible" sur le sujet, Daniel Christmann, professeur de pahologies infectieuses et tropicales au CHU de Strasbourg (qui s’accroche à sa thèse d’un symptôme résiduel de la maladie pour les malades en grande souffrance) a dû s’inspirer pourtant puisque désormais note t-elle il parle également de co-infections.
Elle souligne que les progrès dans la prise de conscience générale sont le résultat des actions des associations et des malades qui dénoncent un déni de la maladie et l’errance diagnostique.
Elle conclut sur l’immense terrain scientifique et médical qu’il reste à défricher.

Ce point journalistique bien documenté, honnête et clair, est très instructif sur le rôle primordial des malades et de leurs associations. Ce sont elles et eux qui sont aux premières places pour faire bouger les lignes: faire parler dans les médias pour gagner l’opinion publique, pousser le corps médical à s’informer et agir, obliger les Pouvoirs Publics à prendre leurs responsabilités dans tous les domaines dont celui évident et pourtant totalement négligé de la prévention. Le Monde rend éclatant le problème du déni.
Le Père Noël y mettra-t-il aussi du sien en apportant bientôt dans sa hotte un instrument médical performant opposable à tous ceux qui s’obstinent à considérer le Consensus de 2006 comme une panacée ?
De nouvelles avancées scientifiques, médicales et législatives - grâce à l’action, même modeste, de chaque malade et/ou aidant, de chaque personne informée, avec les associations unies dans la défense des malades et de leurs droits - est une exigence que tous les médias devraient soutenir.

Notes

[1] Rapport Zylbermann du 4 décembre à l’initiative de la Direction Générale de la Santé, sous la responsabilité du HCSP, Borréliose de Lyme. État des connaissances.

[2] résolution à l’attention de la Commission de Bruxelles, proposition de loi en octobre

[3] Lire notre article : "Le livre guide passionnant du Dr Horowitz"