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RÉSEAU sur la Borréliose de Lyme en France, ses Co-Infections et les Maladies vectorielles à Tiques Construction collaborative d'une information critique contre le déni

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Mais où vont vos Elisa ?

Les médecins prescrivent des analyses particulières aux personnes atteintes ou susceptibles d’être atteintes par la borréliose de Lyme. Ce sont en premier lieu les Elisa et Western-Blot. Les résultats sont attendus souvent avec impatience... à tort. Quels sont ces tests et d’où proviennent-ils ?

logo CNR Borrelia.jpgElisa est le doux nom d’une méthode de détection par analyses de sang (autrement dit par sérologies - qui vient du mot "serum"). C’est un acronyme de Enzyme-Linked Immunosorbent Assay (immuno absorption enzymatique), un procédé qui permet de doser les antigènes (corps considérés comme étrangers par l’organisme) et repérer les anticorps actifs contre les bactéries ou virus, grâce à l’utilisation de marqueurs (des enzymes) dont la détection permet d’identifier ces mêmes éléments.[1]
Les résultats du test d’Elisa sont vérifiés par un type de réactions dit de Western Blot (ou technique d’immuno-transfert ou Immunoblot de Western[2]) recherchant certaines protéines qu’elles mettent en contact avec des anticorps spécifiques. [3]
Le test Elisa comme la confirmation par réactions WB ne sont pas spécifiques à la borréliose. Cependant ils sont en effet utilisés pour détecter une infection soit ancienne, soit récente, et certains marqueurs peuvent être attribuables à cette pathologie lorsque les protéines spécifiques choisies déclenchent la réaction immunologique.
D’où la très grande importance que le malade accorde aux résultats de ces tests et la très grande importance de la bonne réalisation de ces mêmes tests. Mais s’y fier est illusoire...

Car ils ne disent pas tout d’une part, mais surtout parce qu’ils proviennent de laboratoires qui n’ont pas les mêmes critères de recherches, voire, étrangement, la même éthique ou du moins la même notion de santé publique...
La fermeture du laboratoire Schaller en 2012 a mis en lumière cette étrangeté. On pourrait donner cette image d’un filet de pêche. Les mailles du filet sont extensibles ou resserrées selon les laboratoires/les tests; certains laissent passer les gros poissons, avec un seul appât, quand d’autres arrivent à attraper les petits, en différenciant même la variété des amorces.
Avec cette affaire de vraies-fausses sérologies, on découvrait en France le problème, alors qu’aux USA ou en Allemagne il était posé depuis longtemps: les tests canoniques Elisa et WB ne sont pas fiables tels que pratiqués officiellement; la majorité des personnes atteintes ne sont pas dépistées...
On écoutera avec profit l’affrontement des deux thèses (le pendant de l’affrontement IDSA-ILADS) dans la bouche d’un tenant du déni de la borréliose chronique, le Pr. Massip, infectiologue du CHU de Rangueil à Toulouse, soutenant contre toute preuve que les tests sont fiables à 90%, et ne voyant pas où se trouve le problème d’une grande partie des malades non diagnostiqués, lui-même renvoyant à d’autres pathologies improbables quand la borréliose se trouve devant lui; et le Pr. Perrone, grand infectiologue, clinicien averti, spécialiste français de la maladie à l’Hôpital de Garches, engagé désormais dans sa reconnaissance, demandant en vain un débat médical sur la controverse, et soulignant que cette non-fiabilité est démontrée scientifiquement. [4]

Les tests varient de plus d’une région de France à une autre, non contents de ne pas attraper tous les poissons...
Par exemple c’est ce qui se produisait pendant des années et jusque très récemment avec Le Centre National de Référence des Borrelia (CNR Borrelia) qui ne travaillait que sur une seule espèce de Borrelia, B. burgdorferi avant d’étendre ses recherches.
Concernant les types de tests, il faut savoir cependant que certains laboratoires indépendants travaillent sur d’autres kits de sérologies, allemands, et peuvent les interpréter un peu différemment que dans les lectures officielles.[5]

Le "CNR Borrelia" a été créé en 2002 pour évaluer en collaboration avec l’Institut de Veille Sanitaire (INVS) l’incidence globale de la maladie en France. Il avait son siège principal à Paris à l’Institut Pasteur, avec une équipe entomologie à Pasteur et l’équipe diagnostic à Strasbourg, à l’Institut de bactériologie dirigé par le Pr. Jaulhac. Le CNR avait également (et a toujours) pour mission de mettre au point des méthodes permettant d’améliorer le diagnostic de la maladie et de caractériser la diversité génétique des souches de Borrelia détectées en France [6].
Par ailleurs, dans le cadre d’expertises, de nouveaux kits commerciaux de sérologies pouvaient être évalués, de même que les sérums positifs ou douteux pouvaient être contrôlés par le laboratoire «associé» au CNR, en l’occurrence par l’Institut de bactériologie.
Mais voilà qu’un arrêté du 26 décembre 2011 fixant la liste des Centre Nationaux de référence pour les "maladies transmissibles" (sic...) et des laboratoires associés" a changé la donne en ce qui concerne la borrelia.[7]

bannière CNR Borrelia.jpg

C’est donc depuis le 1er janvier 2012 que l’Institut de bactériologie de Strasbourg dirigé par le Pr. Jaulhac n’est plus un laboratoire «associé», mais bel et bien THE Laboratoire de Référence![8]
À partir de 2012 il se marie ainsi officiellement au pôle de référence (tacite) sur la non-chronicité de la borréliose qu’est le CHU de Strasbourg, avec son pourfendeur de charlatans attitré, à savoir le Pr. Christmann. Celui-ci avait été le président du Comité d’organisation de la 16e Conférence de 16eConf_p2.pngConsensus 2006 sur la Borréliose, duquel le Pr Jaulhac était également membre.[9]
Dès lors, l’on comprend d’autant mieux la «chasse aux sorcières» ayant pris pour cible le laboratoire alsacien de V. Schaller et les affaires ayant suivi ! Cela est devenu une affaire «régionale» dont le retentissement est national !
Que doit-on attendre d’un laboratoire de référence dont la référence est le déni de la maladie?

Et peut-être comprendra-t-on également mieux le peu d’intérêt accordé aux récriminations des malades par les instances gouvernementales siégeant à Paris.
À ce jour, c’est donc bien le Pr. Jaulhac, avec son laboratoire de bactériologie, qui se pose en grand coordonateur (c’est le terme employé dans les textes) des "recommandations" sérologiques pour la maladie de Lyme !

Depuis 2012, dans un invraisemblable procès sans fin, Mme Schaller ex-dirigeante du laboratoire d’analyses biologiques homonyme et M. Christophe, ex-dirigeant du laboratoire Nutrivital fabricant du Tictox, sont accusés de "compérage".[10] Le terme, en vérité, s’applique-t-il bien à eux deux ?
Le dictionnaire (CNRTL) nous apprend qu’il s’agit de relations de compères, de personnes associées secrètement ou tacitement dans une action douteuse ou dans une entreprise lucrative. et cite en exemple: Le compérage entre chirurgien et médecins rabatteurs (...) repéré chez O. Brien (L’Œuvre), ou encore cet extrait non moins intéressant tiré de la Cousine Bette de Balzac :

La société de Mme Marneffe s’était composée avec une sage lenteur; les agrégations ne s’y formaient qu’entre gens d’opinions et de mœurs conformes, intéressés à se soutenir, à proclamer les mérites infinis de la maîtresse de la maison. Le compérage, retenez cet axiome, est la vraie sainte-alliance, à Paris. Les intérêts finissent toujours par se diviser, les gens vicieux s’entendent toujours.[11]

Toute appréciation sera laissée aux lecteurs.

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Notes

[1] D’après : Encyclopédie médicale Vulgaris en ligne, Vulgaris medical.

[2] Western vient vraisemblablement d’un jeu de mot à partir du nom du biologiste E. Southern qui a réalisé une méthode de transfert d’ADN dénommée Southern Blot. Il existe aussi un Northern Blot.

[3] cf. Burnette WN., «Western blotting": electrophoretic transfer of proteins from sodium dodecyl sulfate-polyacrylamide gels to unmodified nitrocellulose and radiographic detection with antibody and radioiodinated protein A.», Analytical Biochemistry, vol.112, no 2, avril 1981, p. 195-203.

[4] Ces deux thèses sont clairement énoncées dans le film Lyme, La grande imitatrice d’Adrien Dumont, et présentées ici dans l’article du RBLF: "Enfin LE documentaire."

[5] Sur la question des sérologies, article à suivre.

[6] Cf. Les missions sur le site CNR Borrelia et Richter et al. 2006, Margos et al 2008, Margos et al. 2009.

[7] cf. JORF n°0302 du 30 décembre 2011 page 22804 texte n° 60 NOR: ETSP1135437A legifrance.gouv.fr, "paragraphe 4. Centre national de référence des Borrelia - Institut de bactériologie de la faculté de médecine ― hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg.’’

[8] Information de l’Institut Pasteur sur le nouveau statut du CNR.

[9] On lira avec intérêt les articles du RBLF sur les Guidelines devenues le Consensus français : Comment une bactérie peut-elle diviser le monde scientifique? Part V - IDSA over the World; et sur l’explication même du système Consensus.

[10] Un procès alsacien dans lequel pourraient ne pas être étrangers, et le refus de M. Christophe, pharmacien diplômé d’Etat, de s’inscrire à l’Ordre des pharmaciens, et sa plainte auprès du procureur de la République contre les responsables hospitaliers strasbourgeois pour "non assistance à personnes en danger".

[11] Source: article "compérage" in CNRTL. Balzac, La Cousine Bette, Ed° 1847, p. 143.

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Rédacteur: Rédaction RBLF

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